« Il faut programmer la construction d'une nouvelle génération de réacteurs » nucléaires en France pour remplacer « les anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées », indique la ministre de l'Ecologie, de l'Energie et du Développement durable dans un entretien accordé au magasine l'Usine Nouvelle et publié mardi 13 janvier. « Il faut penser la demande nucléaire de manière intelligente dans un contexte de mix énergétique », ajoute Ségolène Royal. Interrogée sur cette question lors de la primaire socialiste en 2011, elle avait alors plaidé en faveur d'une sortie du nucléaire en France à « une échéance de 40 ans maximum » et exprimé le souhait de ramener le nucléaire « à une énergie d'appoint ».

Projet de loi sur la transition énergétique

C'est la première fois qu'un membre du gouvernement s'exprime sur la possibilité de construire de nouveaux réacteurs en France. D'autant que l'exécutif qui s'est engagé à réduire la part du nucléaire de 75 à 50% de la production d'électricité d'ici à 2025, n'avait encore jamais pris position sur le renouvellement du parc nucléaire français.

Le projet de loi d'orientation sur la transition énergétique actuellement en débat et qui devrait être examiné par le Sénat en février prochain limite la capacité nucléaire de la France à 63,2 gigawatts son niveau actuel. Ainsi, le nouveau réacteur EPR de Flamanville (Manche) dont la mise en service devrait intervenir en 2017 nécessite implicitement la fermeture d'autres réacteurs.

Depuis le début de son quinquennat, le chef de l'Etat s'est formellement engagé à fermer la centrale de Fessenheim (doyenne du parc nucléaire) après la mise en service de l'EPR de Flamanville. Engagement réitéré lundi 6 janvier, lors d'une interview radio. Pourtant en septembre, la ministre de l'Ecologie avait estimé que le coût économique et social de la fermeture de Fessenheim pourrait contraindre le gouvernement à choisir d'autres réacteurs. « Si la gouvernance d'EDF a une proposition plus judicieuse que celle de fermer Fessenheim, je regarderai cette proposition », avait-elle indiqué.

Favoriser les énergies renouvelables

Question sensible, les élus EELV ont aussitôt réagi, rappelant que la loi sur la transition énergétique est destinée à favoriser l'essor des énergies renouvelables.

« Plutôt que de se lancer dans la construction de nouveaux réacteurs qui sont des installations extrêmement coûteuses, pour un prix du kilowattheure très cher et pour un uranium importé, mieux vaut s'engager dans les énergies renouvelables », a indiqué le député écologiste Denis Baupin. Ségolène Royal « réécrit les engagements du candidat Hollande et de la loi sur la transition énergétique », a pour sa part dénoncé le député européen écologiste Yannick Jadot.

Un accord électoral entre le PS et Europe Ecologie Les Verts (ELV) a été signé en 2011 et prévoit la réduction de la part du nucléaire dans la consommation finale d'électricité de 75 à 50% à l'horizon 2025 et la fermeture de la centrale de Fessenheim.

Vanessa Gondouin-Haustein

Pour en savoir plus:

Royal veut bâtir de nouvelles centrales (Usine nouvelle)