Aubry vs Valls, l’opposition au grand jour

lundi 20 octobre 2014
AP

«Je demande qu'on réoriente la politique économique» car «La politique menée depuis deux ans (...) s'est faite au détriment de la croissance»…. C’est Martine Aubry qui, ce week-end a fait souffler sa petite tempête glaciale sur les têtes du gouvernement. Il faut dire que l’ex ministre de l’emploi n’y a pas allée de main morte dans l’interview qu’elle a donnée au JDD en jugeant que  l’action de François Hollande depuis deux ans était un échec.

La réponse du premier ministre ne s’est pas faite attendre. Lors d’un discours devant les radicaux de gauche dimanche, Manuel Valls a glissé : « A gauche, nous avons toujours considéré la diversité comme une richesse. Nous la faisons vivre chaque jour, même chaque dimanche » avant d’ajouter en pointillés : « Parfois un peu trop, mais il faut avoir les nerfs solides. Comptez sur moi pour avoir les nerfs solides ». 

Puis à l’issue de sa réunion avec les alliés radicaux de gauche, le premier ministre s’est montré plus éloquent en minimisant la position affichée de Martine Aubry. « Moi je ne peux pas perdre du temps dans des oppositions, dans des débats, chacun apporte des contributions, c'est très bien mais, à la différence d'autres, nous gouvernons, nous assumons pleinement les responsabilités et nous engageons le pays sur la voie de l'avenir, c'est ça ce qui compte », a-t-il lancé.

Martine Aubry souhaite débattre…

En réponse aux critiques et admonestations de la maire de Lille qui demandait une « réorientation » de la politique économique de la France, Manuel Valls a répliqué : « On ne peut pas zigzaguer, changer tous les jours de position. Les entreprises ont besoin de lisibilité, de visibilité. Je suis fier que ce gouvernement, cette majorité, soient aux côtés des entreprises, de toutes les entreprises, mais enfin ça ne devrait même pas faire débat ».

« Mais je voudrais dire à l'ensemble de la gauche: regardez de près, regardons quelle est la réalité (...) Regardez le fait que nous adaptons le rythme de la réduction des déficits à la situation économique exceptionnelle que traverse l’économie européenne », a insisté le Premier ministre en s’adressant à l’ensemble de la gauche avant de défendre son intention de faire baisser « la pression fiscale ». « Il y a un ras-le-bol fiscal dans notre pays, il y a même un rejet de l'idée d'impôt qui est pourtant indispensable », a-t-il dit en appelant à ne pas faire des baisses d'impôt « un tabou ».

D’ailleurs, ce matin sur France-Inter, Martine Aubry a modéré ses propos du week-end en expliquant qu’elle ne souhaitait pas « être un recours, je souhaite simplement pouvoir débattre». « J'ai tout fait pour que François Hollande réussisse à la présidentielle» et «je veux absolument qu'il réussisse», a insisté la maire de Lille. Puis pour couper court aux accusations de chef de file des frondeurs au gouvernement, Martine Aubry a lâché : « «Je n'ai pas vocation à organiser l'opposition au gouvernement ».

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Le ras-le-bol fiscal (Les Echos)

Martine Aubry chef de file des frondeurs ? (France TV Infos)

 

 

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