Une hausse de la CSG vraiment en préparation dans les tiroirs

vendredi 5 octobre 2012

C’est un scénario palpitant en plusieurs épisodes. Le décor est planté à Matignon. Là, l’homme de l’art : Jean Marc Ayrault, Premier ministre.  « Il n'y aura pas d'augmentation de la CSG, il n'y aura pas d'augmentation de la TVA dans le budget», martelait-il le 19 septembre sur RTL. Mais ça, c’était avant. Avant Louis Gallois, ex-patron d’EADS et  actuel  commissaire général à l'Investissement  qui doit remettre son rapport sur la compétitivité à la mi octobre. Et jeudi, les spéculations se sont vraiment déchainées dans les médias car les murs du pouvoir ne sont pas aussi étanches qu’on le croit. Une hausse de la CSG serait vraiment en préparation dans les cartables du gouvernement.

Car la réforme à l'étude en faveur de la compétitivité des entreprises se dirige vers une baisse des cotisations patronales de 40 milliards d'euros qui serait compensée par une hausse de la CSG. Coté cotisations patronales, l’édition du Monde de mercredi faisait état d'une baisse de 5,4 points des cotisations familiales sur les salaires compris entre 1,6 et 2,2 fois le SMIC. Coté CSG, on tablait jeudi matin, sur une augmentation de  2% tout de suite et pour tout le monde pour aller progressivement vers une hausse supplémentaire et par tranche selon les revenus. Quand on sait qu’augmenter la CSG ne serait-ce que d'un point, rapporte environ 11 milliards de recettes supplémentaires...  Mais  « pour l’instant aucun arbitrage n’est décidé » s’est empressée d’affirmer Najat Vallaud-Belkacem la porte parole du gouvernement.

Retour aux années 1980

Qu’à cela ne tienne, sur Europe 1, on a biaisé en dépoussiérant les dinosaures du PS : Rocard l’Inventeur de la CSG invité jeudi et le lendemain, Pierre Mauroy premier premier ministre de la gauche. François Mitterrand serait-il prévu pour lundi ? Michel Rocard donne le ton en confiant jeudi sur Europe 1, avoir été reçu récemment à l’Elysée en compagnie de Louis Gallois. L’objectif des deux comparses était d’expliquer « qu’il fallait faire un transfert de charges vers les ménages pour soulager les entreprises ». D’abord modéré, Rocard explique : « Quand on est en crise, notre seul outil de résistance, ce sont les entreprises ». Mais c’était juste avant de sortir les affres des lendemains qui déchantent : « Si on ne soulage pas massivement les entreprises françaises, elles vont licencier davantage et le chômage va augmenter », prédit-il soudain médiumnique. Pour le « père » de la CSG, cette hausse, qui sera forcément impopulaire, n’est pas un choix mais « une nécessité ». « Cette situation de crise appelle à crier à une espèce de SOS pour sauver l’appareil productif », s’alarme-t-il encore... Alors, catastrophisme ou pédagogie de crise ?

Véronique Pierron

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