Nucléaire : des coûts cachés, mal connus ou sous-estimés

jeudi 12 juin 2014
AP

« Il n’y a pas de coûts cachés de la filière nucléaire. Mais des coûts mal connus ou sous-estimés », a estimé le Président de la commission d’enquête, François Brottes (PS), dans son rapport remis mardi 10 juin au Président de l’Assemblée nationale. Il a toutefois tenu à souligner que l’objectif de la commission n’était pas d’être pour ou contre le nucléaire, mais de présenter ce rapport comme « un exercice de clarification », après la promesse électorale de François Hollande de réduire d’ici à 2025 de 75 à 50% la part du nucléaire dans la production électrique française.


1- Les réacteurs dits de 3e génération. La commission d’enquête relative aux coûts de la filière nucléaire a souligné les difficultés d’évaluation des coûts de production de l’électricité issue de réacteurs dits de troisième génération, notamment l’EPR de Flamanville (Manche). Elle s’inquiète de « l’incapacité à évoluer le coût du kilowattheure (kWh) qui sera produit à Flamanville » et s’étonne « que ces difficultés aient été à ce point sous-estimées ».


2- Augmentation du prix de l’électricité. Dans ce rapport rendu public mardi, la commission s’inquiète également de l’augmentation du prix de l’électricité en France produite par les centrales nucléaires. Dans son rapport rendu public fin mai, la Cour des comptes faisait le même constat. Entre 2010 et 2013, le coût de l’énergie nucléaire des 19 centrales françaises a augmenté de plus de 20%, selon les sages de la rue Cambon, passant ainsi de 49, 60 euros par mégawattheure (2010) à 59, 80 euros en 2013.


3- Coût du démantèlement et traitement des déchets. Le rapport note également des incertitudes liées au coût définitif du démantèlement d’une trentaine d’installations nucléaires désaffectées ainsi que celui du site d’enfouissement à grande profondeur des déchets les plus radioactifs. Les coûts, selon la commission, ne sont pas toujours clairement évalués et varient parfois du simple au double, « de 14 à 29 milliards d’euros », a indiqué Denis Baupin, le rapporteur de la commission d’enquête.


4- Durée de vie des centrales. La commission s’est également penchée dans son rapport sur la question de la durée de vie des 58 réacteurs français, au-delà des 40 ans initialement prévus. Dans son rapport publié le 27 mai dernier, la Cour des comptes évaluait à 110 milliards d’euros d’ici 2033 la prolongation de la durée de vie des centrales françaises à quarante ans. La commission est allée plus loin dans son rapport soulignant l’incertitude relative au coût de l’assurance du risque nucléaire, qui est actuellement assuré «  gratuitement » par l’Etat français.


Vanessa Gondouin-Haustein

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