Lutte contre le tabagisme : Dix ans de politique inefficace

vendredi 14 décembre 2012

Les Français fument toujours autant, et la consommation progresse chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité. Depuis de nombreuses années, l’Hexagone tente de réduire le nombre de ses fumeurs. Mais jusque-là sans vraiment de succès, comme le note un rapport de la Cour des comptes présenté jeudi aux députés. « Le tabac demeure la première des causes de mortalité évitable avec plus de 70.000 morts par an ». Inefficaces, coûteuses, « pas à la hauteur d’un tel enjeu de santé publique » : c’est un bilan sans concession que les Sages de la rue Cambon dressent sur dix années de politique française de lutte contre le tabagisme.

Pour dissuader les fumeurs, l’État a ainsi mené différentes actions : augmentation régulière des prix, interdiction de fumer dans les lieux publics, interdiction de vendre des cigarettes aux mineurs, campagnes de prévention. Insuffisant pour la Cour des comptes qui souligne la « grave méconnaissance des risques liés au tabagisme ». « Fumer tue. Trop de fumeurs ignorent à quel point », selon son premier président Didier Migaud. Les Sages de la rue Cambon notent que les moyens financiers consacrés à la prévention sont « dix fois moins importants » que ceux alloués à la sécurité routière. Alors que le tabac tue « près de dix-huit fois plus que les accidents de la route ».

Le rapport souligne aussi le « poids toujours important des intérêts économiques et financiers qui viennent émousser les efforts de lutte contre le tabagisme ». Comme ces aides de l’ordre de près de 300 millions d’euros qui sont versées chaque année aux buralistes, alors que « ce sont seulement quelques dizaines de millions d’euros qui sont consacrés chaque année au financement des dispositifs de prévention du tabagisme ». Ou encore ces 15 milliards d’euros que la fiscalité du tabac rapporte chaque année à l’État.

Ce sont donc une trentaine de recommandations que fait la Cour des comptes dans son rapport. Et notamment augmenter significativement les prix, instaurer un paquet neutre, ne plus exposer les paquets sur les lieux de vente et renforcer les contrôles. L’institution insiste aussi sur la prévention – avec en ligne de mire les jeunes – et sur l’aide à l’arrêt du tabac.

Caroline Moisson

 

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