L'Agence nationale pour les Chèques-Vacances au pilori

samedi 22 septembre 2012

L’ANCV ne doit pas en mener bien large après le référé de la Cour des comptes rendu public jeudi. La scrupuleuse défenderesse des comptes publics n’y dénonce pas moins que « l’absence de stratégie » et « la gouvernance défaillante » de l'Agence nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV). Un organisme créé en 1982 et dont les chèques sont acceptés par 170.000 professionnels du tourisme en France. Ce qui n’empêche pas, les sages examinateurs de la rue Cambon de regretter dans un communiqué « que cet établissement public chargé notamment d'émettre les chèques-vacances ne dispose pas d'un cadre stratégique définissant ses orientations et priorités à moyen terme ». L'institution pointe aussi du doigt des difficultés de gouvernance, comme le fait qu'un ancien directeur général n'ait pas perçu de rémunération pendant plus d'un an. Et de manière plus large, après un examen qui porte sur les exercices 2005 à 2010, la Cour s’interroge sur la justesse et la pérennité du modèle économique de  l'ANCV qui repose sur le monopole d'émission des chèques vacances. Un monopole qui pourrait être contesté devant les instances communautaires.

Poursuivant sa diatribe, la cour indique aussi que la tendance à la dématérialisation des titres de paiement pourrait peser sur les comptes car près de 40% des ressources de l’ANCV proviennent de placements issus du décalage dans le temps entre la vente des chèques-vacances et leur remboursement aux prestataires de services. Et ce n’est pas tout. Les épingleurs de la République estiment que la gestion de l'ANCV est « perfectible », notamment sa gestion immobilière et celle de ses politiques sociales d'aides à l'investissement et d'aides à la personne, « en fort développement malgré des ressources fragiles et l'absence de partenariats stables », souligne avec un brin de clémence la Cour. Magnanimité de courte durée puisqu’elle note l’instant d’après que le déficit d'exploitation s'est « dangereusement creusé », malgré un redressement en 2010 et 2011, et souligne « la nécessité de poursuivre l'effort de maîtrise des charges » et « d'améliorer notablement sa productivité ». Pour 2011, l'ANCV avait fait part d'un volume d'émission de chèques-vacances en hausse de 3,7% et d'un nombre de bénéficiaires en hausse de 7,1%.

Véronique Pierron

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