La société d’aménagement de Marseille sur le grill de la Cour des comptes

samedi 14 septembre 2013

Quand ce ne sont pas ses règlements de comptes sanglants qui font la joie de la presse nationale, ce sont ses comptes ou ses députés véreux qui font parler de la belle Phocéenne. La dernière en date était PS et n’était autre que Sylvie Andrieux, la député des quartiers nord de Marseille. Cette fois, c’est la Chambre régionale des comptes qui dresse un bilan très sévère sur la société d'économie mixte Marseille Aménagement (Sema) créée pour l’aménagement et la réhabilitation de la ville. C’est le quotidien La Provence qui a vendu la mèche en rendant public le rapport dans ses colonnes. Rapport qui doit être présenté au conseil municipal le 7 octobre prochain.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les magistrats de la Cour n’ont pas été tendres avec la Sema. La Cour estime que la société « se caractérise par un mode de gouvernance déséquilibré qui donne la prééminence au directeur général face à un conseil d'administration faible » qui « ne décide que très rarement et sur la base d'informations insuffisantes ». Elle critique ensuite le coût onéreux de la gestion de personnel de la société qui a « organisé le retour, dans la société », sous forme de « contrats de prestation, d'une partie des cadres dont elle s'était séparée ». La Cour note que trois d’entre eux avaient touché des indemnités de départ « d’un montant anormalement élevé » avant de créer leurs propres sociétés de prestation.

Des attributions de marchés publics pas clairs

Les magistrats poursuivent leur inspection et pointent du doigt les dysfonctionnements concernant l’attribution de plusieurs marchés publics  et donne l’exemple de l’aménagement de la zone de la Capelette. Le rapport souligne que la concession est passée de 6 à 20 ans « sans réelle planification urbaine ni étude cohérente préalable » et elle a été attribuée « en l'absence de mise en concurrence » car la ville en a contesté « la faisabilité pratique ». Le rapport cite aussi l’exemple du palais de la glisse de Marseille, un bâtiment de 12 000 M2 avec patinoire et skatepark. Les magistrats de la Cour des comptes ont estimé que sa construction avait été décidée « sans réflexion suffisante sur la fréquentation potentielle, son coût d'exploitation et sans que la question de sa desserte ne soit résolue ». La Sema a versé à la société qui occupait le terrain pour qu’elle le libère « une indemnité de 2 millions d'euros, dix fois plus élevée que l'indemnité conventionnelle maximale ». Puis ne baissant pas les bras en si bon chemin, la Cour tacle aussi la construction de 650 M2 de bureaux pour reloger le syndicat Force Ouvrière. Opération qui selon les magistrats « n’entre pourtant pas dans les missions » de la société d’aménagement.

Les réactions de la ville se sont surtout focalisées sur la presse. Ainsi, Yves Moraine, président du groupe UMP au conseil municipal, a jugé jeudi « dommageable » la publication de ce rapport « dans sa phase confidentielle, ce qui nous interdit, sauf à nous mettre en situation de violer la loi, de répondre à un certain nombre de choses qui sont inexactes ». Ce à quoi, la présidente de la chambre, Danièle Lamarque, lui a vertement répondu en saluant le rôle des médias, « relais auprès des citoyens ». « Les journalistes ont la capacité de servir de passeurs pour que le grand public puisse comprendre des questions techniques et complexes mais qui touchent à leur vie quotidienne », a-t-elle ajouté. Et toc !

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Règlements de comptes à Marseille (La Provence)

Sylvie Andrieux (Le Monde)

Chambre régionale des comptes (site officiel)

Le palais de la glisse de Marseille (site officiel)

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