Christine Lagarde rattrapée par l’affaire Tapie

dimanche 26 mai 2013

Comme un scénario qui semble se répéter, l’actuelle présidente du FMI est appelée à rendre des comptes à la Justice française. Convoquée jeudi et vendredi 24 mai devant la CJR (Cour de Justice de la République) dans l’affaire Tapie, Christine Lagarde pourrait être mise en examen pour « complicité de détournement de biens publics et complicité de faux ». L’ancien ministre de l’économie est en effet soupçonnée d’avoir encouragé une procédure d’arbitrage favorisant les intérêts de Bernard Tapie, en litige avec le Crédit lyonnais et par effet ricochet, avec l’Etat français.

Le dossier remonte au début des années 90, à l’époque où l’homme d’affaires décide de se débarrasser de la société Adidas. Pour ce faire, il fait appel au Crédit lyonnais dont l’Etat est actionnaire. La banque génère alors d’importantes plus-values dont ignore tout Bernard Tapie qui, peu de temps après, saisit la justice. Après des années de tergiversations, la cour d’appel de Paris condamne la banque à lui verser 135 millions d’euros de dommages et intérêts. Mais en 2006, la cour de cassation annule le jugement. L’option d’un jugement par tribunal arbitral est alors choisie en 2007, avec le soutien de Bercy. Après jugement, Bernard Tapie aurait perçu 300 millions en net selon Médiapart.

Si le recours à un tribunal privé est fréquent pour des contentieux particuliers, cette stratégie pose question dans le cadre de ce dossier, souligne le Monde. « Il est rarissime qu'un tribunal arbitral soit mis en place alors que le litige a commencé à être réglé par les juridictions ordinaires” estime t-il, d’autant que des fonds publics sont en jeu. Alors pourquoi cette option? La justice, saisie en 2011 par le PS, planche sur les soupcons qui pèsent sur le gouvernement d’avoir offert un traitement de faveur au businessman, proche de Nicolas Sarkozy.

L’audition de Christine Lagarde entend clarifier son rôle et ce qui l’a poussée à engager la procédure d’arbitrage. D’ores et déjà, le procureur général pointe « l’implication personnelle » de la ministre de l’économie de l’époque qui a « constamment exercé ses pouvoirs ministériels pour aboutir à la solution favorable à Bernard Tapie ». Après deux jours d'audition, la directrice générale du FMI a été placée sous le statut de "témoin assisté".

Mathilde Leleu

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