Unité et consensus autour du Mali et de Jean Marc Ayrault

mercredi 16 janvier 2013

Fallait-il un conflit armé pour que Jean-Marc Ayrault fasse l’unanimité ? C’est en tous les cas ce qui semble s’être tramé dans les couloirs de Matignon lundi 14 janvier, au sortir d’une réunion avec les principaux responsables parlementaires des deux assemblées. Le premier ministre leur a annoncé qu’un débat sans vote aurait lieu en simultané mercredi à 15 heures devant l’Assemblée Nationale et le Senat. M. Ayrault soi même représentera le gouvernement devant les députés et coté sénateurs, c’est le ministre de la défense Laurent Fabius qui s’adonnera à cet exercice.

Faisant office d’atelier préparatoire, la réunion de lundi a permis au premier ministre d’exposer aux responsables parlementaires, le « triple objectif » de l’opération militaire française. Le premier est d’ « arrêter l’offensive des troupes terroristes. Nous leur avons déjà porté un coup d'arrêt à l'est, nous portons maintenant notre effort à l'ouest du Mali », a déclaré  Jean Marc Ayrault devant la presse à l’issue de la réunion avec les parlementaires C’était juste avant de définir le second objectif comme celui de « préserver l'existence de l'Etat malien et de lui permettre de recouvrer son intégrité territoriale et sa totale souveraineté ».

Il a enfin indiqué le dernier but de cette opération : « Il faut enfin préparer le déploiement de la force d'intervention africaine autorisé le 20 décembre dernier par le Conseil de sécurité de l'ONU » car s’est empressé d’ajouter le premier ministre, la France « agit à la demande du président du Mali et dans le respect de la charte de l'ONU » dont « plusieurs de nos partenaires nous ont apporté leur appui ». « L’Allemagne a exprimé sa disponibilité », soulignait-il encore. Le premier ministre a ensuite évoqué les otages français au Sahel et s’est déclaré « conscient des risques » que ces opérations faisaient peser sur eux avant d’ajouter que « ne rien faire » n’aurait pas contribuer à leur libération.

Une unité toute… nationale…

Et toute cette solennité s’est accompagnée, une fois n’est pas coutume, des approbations de droite et de gauche à l’instar de Pierre Lellouche qui représentait le groupe R-UMP à l’assemblée : « Il est clair qu'il y aura une unité complète sur la décision qui a été prise par le président de la République de réagir en urgence contre la descente des terroristes et des islamistes sur Bamako ». Puis ce fut au tour de Christian Jacob, président du groupe UMP à l'Assemblée, de faire un écho sonore à cette belle harmonie : « Nous avons rappelé au Premier ministre le soutien dans la lutte contre le terrorisme et le soutien aux soldats français quand ils sont au feu ».

Mais c’était sans oublier l’assurance toute consensuelle de Jean-Louis Borloo, le président du groupe de l'UDI à l'Assemblée qui affirmait sans controverse et la main sur le cœur : « Il y a l'unité nationale, elle est totalement acquise ». Même les écolos y sont allés de leur hiatus unitaire et c’est sans concession que François de Rugy, coprésident du groupe EELV de l'Assemblée nationale, affirmait avec gravité : « Nous soutenons les objectifs de fond de cette opération qui vise à éviter, à la fois la désintégration du Mali par des guérillas islamistes et d'autre part la déstabilisation de la région qui aurait suivi. Et on sait que dans ces cas-là, les jours comptent ». Les plus cyniques iront-ils jusqu’à vanter les mérites des conflits armés ?

Véronique Pierron

 

Laisser un commentaire