Syrie, et maintenant ?

mardi 27 août 2013

Rumeurs de conflit…. Elles courent, elles courent après le bombardement chimique présumé du régime de Bachar al Assad mercredi dernier contre certains faubourgs de Damas. Selon l’opposition syrienne, ces attaques auraient fait entre 500 et 1 300 morts et l'armée aurait fait usage de missiles sol-sol et de pièces d'artillerie dans le quartier de Jobar, dans l'est de Damas pour le bombarder de gaz innervants. Le téléphone a fonctionné alors entre les chefs d’Etats des pays d’occident.

Lors d’un entretien téléphonique dimanche soir avec son homologue américain, le président français a déclaré, via un communiqué de l’Elysée que « tout concordait pour désigner le régime de Damas comme l'auteur de ces attaques inacceptables ». De son coté, la maison blanche a précisé par cette même méthode que les deux hommes ont « discuté de réponses possibles par la communauté internationale et convenu de nouvelles consultations étroites ». La veille au soir, David Cameron avait eu, lui aussi, un entretien téléphonique avec Barack Obama et, selon la Maison Blanche, ils s’étaient convenus de se consulter concernant « les possibilités de riposte de la communauté internationale ». Ce matin, la Turquie a déclaré officiellement qu’elle se tenait prête pour se joindre à une coalition anti-Assad.

Plus que des doutes, des convictions…

Pourtant au-delà de ces conversations téléphoniques en haut lieu, les puissances occidentales sont de plus en plus persuadées de la réalité de l'attaque chimique et de la responsabilité des forces liées au pouvoir syrien dans cette affaire. Et à l’appui de ces convictions un haut responsable du gouvernement américain a déclaré dimanche que les Etats-Unis n'avaient pratiquement plus de doute sur la réalité des faits révélés par l'opposition syrienne et que le président Barack Obama étudiait la réponse à apporter.

« Basé sur le nombre annoncé de victimes, sur les symptômes de ceux qui ont été tués ou blessés, sur les récits des témoins et sur d'autres faits rassemblés par diverses sources, par les services de renseignements américains et leurs partenaires internationaux, il y a peu de doute à ce stade qu'une arme chimique ait été utilisée par le régime syrien contre des civils dans cette affaire », a déclaré ce haut responsable à l’agence Reuters. Avant de poursuivre avec la même conviction : « Nous continuons à étudier les faits de sorte que le président puisse prendre une décision circonstanciée sur la façon de répondre à cet usage sans discernement d'armes chimiques ».

Poudrière ?

Et dans ce contexte où le mot explosif prend des allures de pléonasme, la Syrie et ses alliés ont grondé à leur tour et menacé par avance l’occident, contre l’éventualité d’une intervention militaire sous l’impulsion des Etats Unis qui « aurait des conséquences très graves et créerait une boule de feu qui embraserait le Moyen-Orient », a annoncé belliqueux, le ministre syrien de l'Information Omran Zoabi, cité dimanche par l'agence de presse officielle Sana. L’Iran bien sûr, a lancé à son tour un avertissement à la communauté internationale via la voix du général Massoud Jazayeri, chef d'état-major adjoint de l'armée iranienne, cité lui, par l'agence de presse Fars : « L'Amérique connaît la ligne rouge sur le front syrien et tout franchissement de cette ligne rouge syrienne aurait de graves conséquences pour la Maison blanche ».

Et c’est sur ce champ semé de mines que des inspecteurs de l’ONU se rendent aujourd’hui sur le site où s’est produite l’attaque chimique. Déjà depuis le 18 aout, d’autres inspecteurs des Nations Unies sont sur place pour vérifier la réalité d’attaques chimiques antérieures mais n’avaient jusqu’à présent pas obtenu l’autorisation de Damas de se rendre sur les sites litigieux situés dans la périphérie de la capitale.  

Drapeau blanc ?

Le pouvoir syrien a promis d’observer un cessez-le-feu durant la visite des inspecteurs sur le site. Accord de principe lâché à la télévision syrienne via un communiqué de presse du ministère des affaires étrangères, 24 heures après l’arrivée à Damas d’Angela Kane, la haute représentante des Nations unies pour le désarmement. Reçue dimanche par le chef de la diplomatie syrienne, Walid al Moualem, ce dernier a « souligné la volonté de la Syrie de coopérer avec une équipe d'enquêteurs pour faire apparaître le caractère mensonger des allégations de groupes terroristes selon lesquels les troupes syriennes ont recouru à des armes chimiques dans Damas ».

Déjà des voix s’élèvent pour protester contre le coté tardif pour l’accès au site cinq jours après les bombardements. C’est le cas de la Coalition Nationale syrienne (CNS), qui avait insisté vendredi, sur l’impérativité que les experts parviennent au site dans les 48 heures. Coalition qui a d’ailleurs affirmé qu’elle assurerait la sécurité des experts de l’Onu dans les zones de Syrie qu’elle contrôle… Malgré le timide pavillon blanc hissé par la Syrie, le Moyen Orient mérite à nouveau et brillamment son triste titre de poudrière du monde où toutes les questions quant à une intervention armée de l’occident restent ouvertes. Pour appuyer encore une telle hypothèse, ces dernières 24 heures, les rebelles syriens ont reçu 400 tonnes d’armes envoyées par leurs soutiens dans les pays du Golfe….

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Gaz innervants (Les Echos)

La Turquie prête pour se joindre à une coalition anti-Assad (Le Point)

Coalition Nationale syrienne (RFI)

 

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