Mali : Que fait l’Europe ?

samedi 19 janvier 2013

Alors que des voix s’élèvent pour critiquer « l’isolement » de la France au Mali, un Conseil des ministres des Affaires étrangères européens consacré à ce conflit s’est tenu à Bruxelles ce jeudi 17 janvier. À l’issue de cette réunion, l’Union européenne - qui « salue la réponse rapide de la France », son rôle précurseur avec une intervention « dans l’intérêt de nous tous en Europe » selon le ministre allemand Guido Westerwelle - a rappelé son engagement de longue date au Sahel et a annoncé le renforcement de son soutien financier, humanitaire et de son aide au développement à ce pays ainsi que l’accélération du lancement de la mission de formation militaire (EUTM Mali).

Un soutien à la MISMA sous conduite africaine

L’Union européenne « réitère son engagement à fournir rapidement une aide financière » de 50 millions d’euros, au travers de la « Facilité de paix pour l’Afrique », à la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) sous conduite africaine, qu’elle soutient. Les modalités de cette aide seront discutées lors de la réunion des donateurs qui aura lieu en Éthiopie  le 29 janvier.

Accélération de la Mission de formation de l’UE

Concernant le volet militaire, l’UE établit la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM Mali), chargée de la « formation militaire et du conseil aux forces armées maliennes (notamment en matière de commandement, de logistique ou de droit international humanitaire) dans le cadre des résolutions 2071 et 2085 et en réponse à la requête directe des autorités maliennes à l’UE ». Une dizaine de pays ont annoncé leur intention de contribuer en hommes et en matériel à cette mission, qui devra compter quelque 450 Européens. Commandée par un français, le général François Lecointre, son lancement sera accéléré est elle devra être opérationnelle avant la mi-février. Une première équipe doit arriver dans les prochains jours à Bamako. Mais l’UE précise que le contingent ne participera pas aux opérations de combat.

Une action en matière de bonne gouvernance et de développement

Soulignant le lien entre stabilité politique et développement social et économique, l’UE souhaite appuyer les efforts du gouvernement malien vers un « un dialogue national inclusif » et une transition démocratique car « des progrès politiques sont cruciaux pour assurer la stabilité du Mali sur le long terme. ». Elle « engage instamment les autorités maliennes » à adopter « une feuille de route visant à rétablir la démocratie et l’ordre constitutionnel » et prévoit alors de relancer sa coopération au développement, arrêtée après le coup d’État du 22 mars 2012, avec une enveloppe qui pourrait s’élever à 250 millions d’euros.

Renforcement de l’aide humanitaire au Sahel

Déjà engagée dans l’aide humanitaire au Mali, l’UE souhaite la renforcer, car selon Kristalina Geogieva, commissaire chargé de la coopération internationale, les maliens du nord déplacés au sud ne sont pas encore bien pris en charge, ainsi que celle attribuée aux pays voisins, « car la crise affecte toute la région du Sahel » et que le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies estime le nombre de réfugiés maliens à 150 000 personnes. En 2012, la Commission a mobilisé 337 millions d’euros d’aide humanitaire pour répondre à la crise au Sahel.

L’approche globale de l’UE au Mali et au Sahel

Le Conseil souligne que ces engagements font partie intégrante de l’approche globale de l’UE au Mali et au Sahel, qui comprend notamment les « efforts diplomatiques déployés en collaboration avec des acteurs nationaux, régionaux et internationaux », la mission civile EUCAP Sahel Niger de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, son action contre l’insécurité alimentaire chronique dans le Sahel ou encore l’aide au développement et l’aide humanitaire dans la région.

En outre, certains pays européens, tels que l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni ou le Danemark, ainsi que les Etats-Unis, ont déjà offert une aide logistique, notamment en termes de moyens de transport, dont la France manque. Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, a également déclaré que certains pays « ont fait savoir qu’ils n’excluaient pas un soutien militaire ».

 

Anne-Laure Chanteloup

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