François Hollande au Qatar : les relations économiques au cœur des discussions

lundi 24 juin 2013

Accompagné de cinq ministres et de nombreux chefs d’entreprise, le président de la République a été reçu à Doha par le très francophile émir Hamad ben Khalifa al-Thani pour une visite de deux jours, les 22 et 23 juin. Il s’agissait de faire oublier les polémiques françaises et de renforcer les liens, notamment économiques, entre les deux pays - qui entretiennent une relation suivie depuis 40 ans – avec la mise en place d’un fond commun franco-qatari pour financer les PME, la question commerciale des Rafale, ou encore des projets d’urbanisme pour lesquels des entreprises françaises sont en lice.

Réchauffement d’une relation de 40 ans fondée sur « la confiance, la réciprocité et la transparence »

La France et le Qatar entretiennent des relations depuis son indépendance en 1971. Relation dont l’un des « piliers » les plus anciens est la coopération militaire, mais dont l’aspect économique s’est largement développé ces dernières années. Cependant, l’omniprésence du Qatar sur la scène internationale, avec une diplomatie tous azimuts, et la multiplication de ses investissements en France, en particulier le projet de fonds d’investissement pour les banlieues françaises, ont suscité des interrogations ainsi qu’une vague de défiance en France. « Une exception culturelle française » selon l’ambassadeur du Qatar en France, Mohamed al-Kouwari, qui estime que ni les Allemands, ni les Britanniques ne s’émeuvent des nombreux investissements effectués dans leurs pays.

En outre, si le Qatar compte au nombre de ses amis, politiques de gauche comme de droite, François Hollande a décidé, pour se démarquer de son prédécesseur – Nicolas Sarkozy a développé une relation privilégiée avec les autorités qatariennes, il s’y est rendu au moins quatre fois depuis la fin de son mandat révèle Le Monde – de réserver la primeur de ses visites dans la région à l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabe Unis. Mais le président a entendu l’ambassadeur du Qatar - qui a déclaré : « La France, pour nous c’est l’amour et les investissements » - et souhaite aujourd’hui réchauffer les relations entre les deux États, « fondées sur trois principes : la confiance, la réciprocité, la transparence ». Insistant sur la continuité de celles-ci – « nous savons où sont nos amis » - il a affirmé sa volonté de renforcer la coopération « dans tous les domaines, qu’il s’agisse de notre dialogue politique, de nos relations économiques ou de notre coopération de défense ».

Une visite  officielle sous le signe de l’économie

Les questions économiques ont été à l’honneur lors de cette visite officielle. Alors que le Qatar s’est dit prêt à investir 10 milliards de dollars en France – après avoir investi 12 milliards en cinq ans - François Hollande a déclaré lors du forum économique franco-qatarien : « Les investissements du Qatar sont les bienvenus, ils peuvent couvrir tous les domaines » mais c’est « à l’industrie et aux services que nous voulons donner la priorité » tout en précisant qu’ils « doivent être dirigés dans l’intérêt de nos deux pays » et qu’« il y a des conditions à respecter », « des règles à faire comprendre ». Un club franco-qatarien d’hommes d’affaires a d’ailleurs été créé. Le président de la République a également assuré son partenaire de l’engagement de la France à apporter au Qatar « son expérience » pour l’organisation du Mondial 2022 de football et à « accompagner les grands projets du Qatar pour les années qui viennent ».

Des chefs d’entreprise, plus d’une quarantaine, étaient également présents pour promouvoir la conclusion de contrats en discussion, notamment Patrick Kron pour la construction de tramway de Lusail par Alstom ou Éric Trappier pour la vente de Rafale de Dassault aviation, qui a été validé techniquement par le Qatar et qui est en concurrence avec l’Eurofighter de BAE Systems. Concernant ce dernier dossier, jugé « d’importance stratégique majeure », le président a déclaré avoir fait « de nouvelles propositions en matière de défense aérienne, terrestre et navale » et avoir « toute confiance » en l’avancée dans chacun de ces domaines. Quant au groupe Vinci, il a obtenu le marché d’une partie de la construction du métro de Doha pour un montant d’environ 1,8 milliard d’euros.

Autre dossier économique sur lequel se sont focalisés le président de la République et l’émir du Qatar : la mise en place d’un fonds commun d’investissement destiné aux PME – qui remplace le controversé fonds pour les banlieues – partenariat entre le Fonds souverain qatarien (la Qatar Investment Authority ou QIA) et la Caisse des dépôts et consignations. Le président de la Caisse des dépôts et consignation, Jean-Pierre Jouyet, qui faisait partie de la délégation, a précisé que ce fonds, doté de 300 millions d’euros, serait opérationnel en juillet.

Anne-Laure Chanteloup

Pour en savoir plus :

Relations politiques France-Qatar (Site du ministère des Affaires étrangères)

Visite officielle au Qatar (Site de la présidence de la République)

Le Qatar, quelle stratégie ? Entretien avec Christian Chesnot (par Laurent Marchand, Ouest France)

Qatar : "La France, pour nous, c'est l'amour et les investissements" (par Sophie Des Deserts, Le Nouvel Observateur)

Le Qatar prévoit d'investir 10 milliards d'euros en France (par Marine Rabreau, Le Figaro)

François Hollande veut désamorcer les polémiques avec Doha (par Benjamin Barthe, Le Monde)

 

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