Désengagement d’Afghanistan : la voie nord moins onéreuse enfin ouverte

jeudi 9 mai 2013

Dans le cadre du désengagement des troupes françaises d’Afghanistan, un accord entre la France et les autorités ouzbèkes et kazakhes a été trouvé au mois de janvier, permettant d’ouvrir la voie du nord. Il s’agit d’une part, d’une voie terrestre qui consiste à emprunter la route jusqu’en Ouzbékistan, le train jusqu’en Lettonie puis la route jusqu’en France et d’autre part, d’une voie multimodale qui consiste à utiliser la voie aérienne jusqu’au Kazakhstan, le train jusqu’en Lettonie puis la route jusqu’en France. Le ministère de la Défense l’a annoncé, deux premiers convois de matériel désengagé du théâtre afghan, réalisés par un prestataire privé, sont passés par la voie nord et sont arrivés en France les 23 et 25 avril.

 

Jusqu’à présent le désengagement se faisait par voie aérienne directe d’Afghanistan en France ou par voie mixte, soit par voie aérienne jusqu’aux Émirats arabes unis puis par voie maritime jusqu’à Toulon. Ce sont ces deux voies dont l’utilisation coûteuse faisait l’objet de critiques de la part de la Commission de la défense et des forces armées de l’Assemblée nationale dans son rapport sur le retrait d’Afghanistan de février.

 

« Un manque de célérité dans les négociations » pour ouvrir une voie « sensiblement moins onéreuse »

 

Le rapport parlementaire pointait les « coûts importants » engendrés par le recours privilégié à la voie aérienne pour le désengagement des troupes françaises, qu’il qualifie toutefois d’ « opération réussie » car « menée dans des délais très courts » et « sans incident majeur ». Il estime le coût par unité à transporter par vol direct à environ 40 000 euros, celui par voie mixte via les Émirats arabes unis à 30 000 euros et celui par voie terrestre et multimodale du nord (passant par l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et la Lettonie) à 7 000 euros.

 

Les rapporteurs de cette mission d’information, Philippe Meunier et Philippe Nauche déploraient « le manque de célérité des autorités françaises, diplomatiques et militaires, à négocier en amont avec les pays limitrophes l’utilisation des voies terrestres » qui « se solde au final par une dépense de plusieurs dizaines de millions d’euros pour le budget de l’État ». En effet 80 % du matériel français a déjà été rapatrié essentiellement par voie mixte via les Emirats arabes unis (80 % des opérations de retrait réalisées jusqu’en décembre 2012) et par voie aérienne (10 % du fret jusqu’en décembre 2012).

 

De l’importance de diversifier les voies de retrait

 

Cette diversification des voies représente des enjeux importants. Outre la baisse des coûts et des délais, elle permet de fluidifier le trafic qui devrait s’intensifier avec le début de retrait d’autres pays membres de l’ISAF, tels que les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qui doit s’achever fin 2014.

 

Le Pakistan ayant de nouveau autorisé le transit des convois de l’ISAF, Paris envisage également la voie du sud – voie routière jusqu’à Karachi puis voie maritime jusqu’à Toulon - dont le coût par unité transportée est estimé à 5 000 euros selon le rapport parlementaire. Mais l’ouverture de cette dernière voie, qui dépend des tumultueuses relations entre le Pakistan et les Etats-Unis – le Pakistan a interdit le trafic à plusieurs reprises - comporte des risques importants quant à la sécurité des convois.

Anne-Laure Chanteloup

 

Pour en savoir plus :

Afghanistan : un engagement militaire très coûteux (par Caroline Moisson, AllGov France)

Rapport d’information sur le retrait d’Afghanistan (Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale)

Retrait otanien d’Afghanistan : enjeux d’un grand et périlleux « déménagement » (par Panpi Etcheverry, Francekoul.com)

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