Nicolas Sarkozy remporte le « prix du menteur en politique »

vendredi 6 février 2015
AP

La récompense est peu enviable et elle a été remportée par Nicolas Sarkozy. L'ancien président de la République a été sacré meilleur menteur en politique de l'année 2014. Créé par le politologue Thomas Guénolé, le prix a été décerné pour la première fois ce vendredi. Objectifs de cette distinction humoristique : « inciter la classe politique à moins mentir », « sensibiliser le journalisme politique à l'importance du fact-checking » et « encourager le grand public à vérifier la véracité de ce que dit le personnel politique ». « La classe politique actuelle n'est pas pire qu'avant, on la voit juste de beaucoup plus près et plus en détail qu'il y a 50 ans », a expliqué Thomas Guénolé à Métronews concernant sa démarche. Et d'ajouter que les politiques ne mentent pas plus qu'avant, mais « c'est comme la corruption ou la fraude fiscale : il n'y en pas davantage, mais l'investigation journalistique a beaucoup progressé donc les scandales éclatent plus qu'avant. C'est pareil pour le mensonge : il a toujours été abondant, mais il est beaucoup plus détecté et décrypté ».

Nicolas Sarkozy a ainsi été récompensé « pour ses 17 mensonges répétés en boucle pendant sa campagne de réélection à la présidence de l'UMP ». Des promesses que François Hollande auraient faites aux imprécisions sur le temps de travail des enseignants et les heures défiscalisées en passant par les minimas sociaux : Libération a compilé et surtout démonté les 17 « bobards » du président de l'UMP. Au total, dix personnalités politiques étaient nommées. Comme Marine Le Pen « pour son accumulation d'approximations et d'exagérations sur le taux de chômage des étrangers, sur les Français jihadistes... » ou encore « pour avoir prétendu que la délinquance était en baisse dans tous les pays développés sauf la France ». En lice aussi Jean-Luc Mélenchon « pour son acharnement à nier mordicus l'évidence de son absentéisme au Parlement européen », François Rebsamen « pour avoir triché sur les chiffres de la croissance », Christiane Taubira « pour avoir menti dans l'affaire des écoutes de Nicolas Sarkozy ». Sans oublier Thomas Thévenoud, le tandem Anne Hidalgo & Nathalie Kosciusko-Morizet, Brice Hortefeux, Florian Philippot et Manuel Valls.

D'autres prix ont également été décernés par le jury, composé de journalistes, notamment spécialisés en fact-checking. Jérôme Cahuzac s'est ainsi vu récompenser pour « l'ensemble de son œuvre ». Le secrétaire général de l'Élysée Jean-Pierre Jouyet a reçu le prix « un certain regard », « pour son poker menteur raté dans l'affaire Jouyet-Fillon". Car « démentir son propre démenti repousse les limites de la créativité mensongère », ont justifié les jurés. Et le prix « jeune espoir » a été attribué à Guillaume Peltier, pour s'être servi d'un article de fact-checking pour faire de l'intox.

Caroline Moisson

Pour en savoir plus :

Le Prix du menteur en politique (thomas-guenole.fr)

Sarkozy, un «prix du menteur» pour ses 17 bobards (par Cédric Mathiot, Baptiste Bouthier, Sarah Bosquet et Juliette Deborde, Libération)

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