Les eurodéputés français : mauvaises élèves de Strasbourg ?

dimanche 25 mai 2014
Marine Le Pen. Crédit : AP

La France est 21e sur 28 au classement du taux de présence des Etats membres au Parlement, selon Vote Watch Europe. Elle est loin derrière l’Allemagne (8e). A la dernière place, on retrouve Philippe de Villiers (74e) ; précédé du nouveau secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Harlem Désir (73e) ; Jean-Marie Le Pen (71e) ; et Marine Le Pen (70e) ou encore Jean-Luc Mélenchon (65e). Parmi les plus assidus figurent Jean-Pierre Audy (1er) ; Yannick Jadot (6e) ou Brice Hortefeux (13e).

L’absentéisme français s’explique par trois facteurs. Tout d’abord, le cumul des mandats est plus important en France que dans les autres pays européens. Si les plus présents au Parlement sont les Allemands, la France a des circonstances atténuantes qui expliquent ce manque d’assiduité. En effet, nos eurodéputés sont présents, voire même très présents…nationalement. Selon un rapport de la fondation Robert Schuman, plus de 40% des eurodéputés français cumulent un mandat national en plus de leur mandat européen. En comparaison, 22% des eurodéputés allemands cumulent des mandats et 4% des eurodéputés britanniques. La tendance montre qu’à la première occasion, l’élu français préfère revenir dans sa ville pour se consacrer à son mandat local ou national.

Par ailleurs, une certaine amélioration se dégage au cours du dernier mandat (2009-2014), comparé au précédent (2004-2009). Les eurodéputés français ont eu tendance à être plus présent à Strasbourg et à se concentrer davantage sur leur mandat européen.

Démission des Français en cours de mandat

Le second facteur qui explique le taux d'absentéisme français au Parlement est la démission relativement fréquente des eurodéputés en cours de mandat, selon le même rapport de la fondation Robert Schuman. Au cours des cinq dernières écoulées, 18% des eurodéputés français ont quitté leur fonction pour rejoindre Paris. Autrement dit, deux députés sur dix ont quitté Strasbourg avant la fin de leur mandat, notamment à l’issue des élections législatives de juin 2012. Ce chiffre est cinq fois plus élevé que chez nos voisins allemands.

Enfin, le troisième et dernier facteur qui explique le taux d’absentéisme élevé des Français au Parlement vient du fait que ces derniers sont moins europhiles que leur voisin allemand. Les eurodéputés français ne cumulent pas les mandats au niveau européen. La tendance montre qu’un député qui se présente pour un seul mandat a moins de poids ou d’influence sur les décisions prises, ainsi que moins de chance d’occuper un poste à responsabilité. Les différences de longévité des députés européens ont des conséquences sur l’influence qu’ils peuvent avoir au sein du Parlement. La Fondation Robert Schuman déplore l’attitude française qui consiste à ne rédiger aucun rapport à la différence des eurodéputés allemands et qui alimente l’idée que les Français vont à Strasbourg « par défaut, faute de mieux sur le plan national ».

Les bons et les mauvais élèves français

Les deux meilleurs élèves sont les eurodéputés Jean-Pierre Audy (UMP, député pour la circonscription du Massif Central-Centre) qui se classe au premier rang, suivi de Françoise Grossetête (UMP, députée pour la circonscription Sud-Est). Ce sont des eurodéputés aguerris, déjà membre du Parlement entre 2004 et 2009 et dont le taux de présence était déjà parmi les plus élevés.

A l'inverse, l'eurodéputé Philippe de Villiers (MPF, député pour la circonscription Ouest) se retrouve à la dernière place du classement, précédé par Harlem Désir, le nouveau secrétaire d’Etat aux Affaires européenne. L'inactivité de Marine Le Pen (FN, députée pour la circonscription du Nord-Ouest) et de son père Jean-Marie Le Pen (FN, député pour la circonscription du Sud-Est) est tout aussi importante. Entre 2009 et 2014 Marine Le Pen se classe à la 731ème place sur 766 députés et son père est encore plus bas dans les classements puisqu'il est 750ème, il est positionné dans les 20 derniers eurodéputés actifs.

Présents ou non, il faut en tous cas noter que les eurodéputés français ont fait des progrès non-négligeable au cours de la dernière mandature. « Le député européen de 2014 devra être une personnalité compétente, reconnue, bilingue, influente et assidue au Parlement », a récemment indiqué Bernard Accoyer, député de Haute-Savoie et ancien président de l’Assemblée nationale de 2007 à 2012.

Vanessa Gondouin-Haustein

Encadré :

Quelques chiffres

Le salaire d’un député au Parlement européen est de 6 200 euros nets par mois (7 957 euros brut), auquel s’ajoute une indemnité forfaitaire de 304 euros par jour de présence aux réunions des organes du Parlement et de 4 299 euros de frais généraux. Cette somme couvre les frais de bureau, de communication et d’équipement, alors que 4 243 euros par an sont versés pour les frais de déplacement. Enfin, chaque député européen touche 22 000 euros par mois pour payer leurs assistants.

 

 

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