Enseigner la Shoah pour que les voix ne s’éteignent pas

mardi 27 janvier 2015

A la veille du 70ème  anniversaire de la libération d'Auschwitz, les témoignages des survivants sont comme des galets lumineux pour éviter la cécité et l’amnésie devant l’horreur. Il y a ce monsieur de 87 ans qui sur Europe 1 ce matin, a avoué avoir pleuré pour la première fois lorsqu’il a été visiter le camp plus de vingt ans après en avoir été libéré. « Je n’ai jamais pleuré au camp, je savais que les traces blanches que je nettoyais étaient des cendres de personnes incinérées ». Mais ce retour vingt ans plus tard, a provoqué une émotion qui a libéré le poids de larmes. « Ces traces, c’étaient peut être celles de ma mère ou mon frère ».  Mais les voix de ces témoins s’éteignent petit à petit.

C’est pourquoi, la ministre de l’Education Nationale a insisté sur « une responsabilité toute particulière envers les victimes de la Shoah ».  Et ce, encore plus depuis les attentats parisiens. Najat Vallaud-Belkacem a estimé qu’ils « nous invitent à assumer cette responsabilité avec encore plus de détermination ».  Lundi la ministre a ainsi présenté aux cotés du chasseur de nazis Serge Klarsfeld, ses outils pédagogiques pour aider les professeurs du secondaire à enseigner la Shoah et édités par Canopé, un organisme qui créé et diffuse ces documents.

Le projet Transmedia

Ainsi, ce projet baptisé « Transmedia » comporte une réédition de l’Album d’Auschwitz composé des photos trouvées par l’ancienne déportée Lili Jacob, un DVD  avec le documentaire de Blanche Finger et William Karel dont les droits sont libérés pour l'enseignement, ainsi qu'un web-documentaire, « Les deux albums d'Auschwitz ». Ce dernier s’appuie sur des photos montrant la vie quotidienne des SS à Auschwitz. Il peut être utilisé en troisième, première et terminale. Serge Karlsfeld a pour sa part estimé que l'Album d'Auschwitz est « le seul document qui montre la Shoah », dans « ce qu'elle avait de programmé, de systématique, l'arrivée d'un ou plusieurs convois de juifs dans un camp d'extermination, où les gens » sur les photos « ne savent pas encore quel sort leur sera promis et comment cela fonctionne techniquement, comment on sélectionne les gens, les uns vers la chambre à gaz, les autres vers un travail forcé ».

Pour que l’indifférence ne l’emporte pas

La ministre de l’éducation a insisté sur le fait que « Notre responsabilité, c'est d'enseigner à la jeunesse » ce « que représente dans l'histoire de notre pays la plus vaste histoire génocidaire de tous les temps » mais aussi « d'étudier pour que l'indifférence ne l'emporte pas et qu'elle ne vienne pas altérer la mémoire », a-t-elle ajouté. Elle a donc souligné l’importance de « doter l'école  des outils » demandés par les enseignants. Les attentats parisiens aussi mis en lumière que les enseignants étaient confrontés au relativisme et à la perte de repères  de certains élèves. « Il y a peut-être eu une époque où il suffisait de leur transmettre un savoir pour qu'ils l'absorbent », mais aujourd'hui, « tout est contesté » et « les informations sont tellement nombreuses, il faut les trier », a précisé Najat Vallaud-Belkacem.

Véronique Pierron

Pour en savoir plus :

Libération d'Auschwitz (L'Obs)

Serge Klarsfeld (Le Parisien)

L’Album d’Auschwitz (Le Figaro)

Lili Jacob (Le Monde)

Blanche Finger (L'Humanité)

Les attentats parisiens (Le Monde)

 

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