Ecoutes judiciaires : Elektron réclame 8 millions au ministère de la Justice

lundi 23 février 2015

Le PDG d'Elektron, l'une des cinq entreprises spécialisées dans les écoutes judiciaires en France accuse le ministère de la Justice de lui devoir huit millions d'euros. La société « assure environ 35% des interceptions judiciaires », indique le directeur Michel Besnier dans cette lettre ouverte au Premier ministre publiée par le journal Le Parisien. Il réclame à l'Etat 8.241.449 € « alors que son chiffre d'affaires 2014 était de plus de 11 millions », indique la lettre. Un « défaut de paiement » qui menace gravement l'avenir de l'entreprise puisque l'Etat représente son seul client.

Appelées à disparaître

Ces sociétés sont vouées à disparaître, puisque l'Etat a décidé en 2007 de confier l'ensemble de ces opérations d'écoutes à une nouvelle Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ). Mécontents de cette décision, Elektron, Foretec, SGME et Midy System, les quatre principaux experts des écoutes, s'étaient constitués en groupement d'intérêt économique (GIE) pour défendre leurs positions. Après avoir multiplié les recours pour dénoncer l'appel d'offres initial, ils ont brièvement suspendu leurs écoutes en novembre dernier afin d'alerter l'Etat sur la précarité de leur situation. La plateforme qui doit voir le jour sur un site du groupe Thalès a pris du retard. Prévu pour avril 2014, le système n'est toujours pas lancé et oblige les prestataires actuels à poursuivre leurs activités. « La PNIJ censée nous remplacer n'est toujours pas opérationnelle. Nous avons attiré l'attention du ministère de la Justice sur ce défaut de paiement et ses conséquences sur le maintien de nos équipes et le risque de dysfonctionnement de nos systèmes », dénonce Michel Besnier.

Economie d'un-tiers

Le porte-parole du ministère de la Justice, Pierre Rancé, explique de son côté que « le PNIJ est en train de se mettre en route. Or, pour les opérateurs privés, cela signifie la perte du marché ». Concernant l'accusation de défaut de paiement, Pierre Rancé assure que « sur l'année 2014, nous avons déjà versé 9,960 millions d'euros à Elektron. Nous lui devons encore de l'argent mais depuis décembre, l'entreprise ne nous envoie plus ses factures, malgré nos relances. Sans factures, pas de paiement ». La Chancellerie ajoute avoir « versé 43 millions d'euros à opérateurs privés » au cours de l'année 2014. « Avec la PNIJ, cela coûtera entre 10 et 12 millions d'euros » au ministère de la Justice, soit un tiers de la facture actuelle.

 

Vanessa Gondouin-Haustein

 

Pour en savoir plus :

Elektron réclame 8 millions à l'Etat (Le Figaro)

Ecoutes judiciaires : le ministère accusé (20 Minutes)

 

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