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Résumé:

La Direction des archives (DA), placée sous l’autorité du secrétariat général du Quai d’Orsay, assure, depuis sa création au XVIIe siècle, la conservation des archives diplomatiques du ministère des affaires étrangères et européennes, dont les documents produits ou reçus depuis l'origine du dépôt par les services de l'administration centrale, les dossiers rapatriées des services extérieurs ainsi que les archives de l’Occupation en Allemagne et en Autriche.

plus
Ses missions:

La direction des Archives du ministère des Affaires étrangères (DA) assure la conservation et la gestion (y compris l’entretien,  les classements, les inventaires, les expositions…) des archives diplomatiques. Cette collection, qui comporte plus de 40.000 dossiers en 2010, remonte essentiellement au XVIIe siècle bien que quelques dossiers sont plus anciens (une quinzaine de traités sont antérieurs au XVe siècle);  son  nombre s’accroît au fur et à mesure que de nouveaux accords sont signés.

 

Dans les rayonnages, on trouve des lettres, des minutes, des dépêches, des cartes, des parchemins ; une lettre autographe de Richelieu, datant de 1630, dans laquelle il rassure Marie de Médicis sur le sort du futur Louis XIII. Une autre de Napoléon dans laquelle, l'empereur s'engage à prendre en charge l'éducation de l'enfant né du mariage de son frère Jérôme avec l'Américaine Elizabeth Paterson dont il avait exigé la rupture. On peut également consulter une note qui re­transcrit une conversation entre de Gaulle et Adenauer, le 14 septembre 1958.

Derrière une porte blindée se trouve la salle des Traités, qui renferme plus de 25 000 traités bilatéraux et multilatéraux dont le pays est dépositaire. Tous les accords «qui ont fait la France», des traités de Westphalie (1648) au traité de Lisbonne (2007). Tous les engagements internationaux sont là, consultables par les acteurs de la diplomatie active.

En 2008, la DA s’est lancée dans une grande opération de modernisation et de déménagement des archives. Un comité de pilotage a été créé pour l’occasion, chargé de mettre sur pied une organisation à partir de l’ordre chronologique qui était imposé en raison des contraintes immobilières. Selon Jean Mendelson, alors directeur des archives, « il s’agit d’une opération unique dans notre histoire diplomatique ; il y avait certes eu dans les temps anciens quelques déménagements des archives diplomatiques, avant le Quai d’Orsay, entre le Louvre, Versailles et autres lieux (et il ne faut pas oublier les évacuations de 1940) mais c’était bien la première fois qu’on faisait un déménagement de cette nature, de cette ampleur, et le ministère n’a pas lésiné sur les moyens, y compris budgétaires. »

 

Désormais, les archives seront réparties sur deux sites. Le Centre des Archives diplomatiques de Nantes (CADN) conserve les archives rapatriées des services extérieurs, c’est-à-dire des ambassades, consulats, Instituts et Centres culturels français à l’étranger, des représentations françaises auprès des organisations et commissions internationales, ainsi que les archives des Protectorats Maroc et Tunisie et du Mandat Syrie et Liban.

Le Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, inauguré par Bernard Kouchner le 3 septembre 2009, conserve les fonds de l’administration centrale du ministère, notamment ceux du service des Oeuvres, du service des Echanges artistiques, de la Comptabilité, du service des Immeubles et Affaires générales, des Unions internationales, des Conventions administratives et contentieux, et de la Chancellerie. Les acquisitions extraordinaires telles que les archives personnelles de diplomates et d’hommes d’Etat, ainsi que la bibliothèque patrimoniale sont  également préservées sur ce site. Le fonds de la Bibliothèque du ministère (450 000 ouvrages environ) était jusqu’à alors réservé aux seuls agents du ministère. Il est maintenant accessible au public.

Le bureau des archives de l’Occupation en Allemagne et en Autriche, situé à Colmar depuis 1952, a par ailleurs déménagé ses archives à La Courneuve en 2010. Ces documents proviennent des administrations françaises d’occupation française en Allemagne et en Autriche, au sens large – depuis la politique de l’armée française en matière de dénazification culturelle et éducative en Allemagne et en Autriche jusqu’aux procès des criminels nazis, en passant par les fiches des camps de détention de l’armée française dans sa zone d’occupation et enfin de la Haute commission alliée (structure tripartite créée pour encadrer la naissance de la République fédérale d’Allemagne) et du gouvernement militaire français de Berlin.

La direction des archives, y compris les stagiaires et les vacataires comprend une petite centaine de personnes, dont les trois quarts se trouvent à La Courneuve et un quart à Nantes.

 

Outre la conservation des archives, elle est également responsable de l’acquisition de nouveaux documents. Les bibliothécaires dépouillent systématiquement les revues professionnelles et la presse, et achètent environ 1 500 titres par an. Par ailleurs, les plus grandes ambassades ont un service chargé notamment de garder un oeil sur ce qui est édité. Elles achètent certains ouvrages qu’elle envoie par la suite à la DA.

 

Autre chantier d’avenir, l’archivage électronique. La DA s’est dotée en 2010 des outils informatiques nécessaires à l’archivage des données nativement numériques.

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Où va l’argent:

Le ministère des Affaires étrangères et européennes est le seul organe central de l’Etat, avec celui de la Défense,  à avoir son propre service d’archives.

 

L’idée de créer un dépôt d'archives spécifique aux Affaires étrangères vient de Charles Colbert de Croissy, secrétaire d'Etat de 1680 à 1696.  A l'exemple de son frère, Jean-Baptiste, ministre des Finances et de la Maison du roi, il fait relier les papiers de ses négociations et de celles de ses prédécesseurs en maroquin rouge du Levant. Il décide d’apposer les armes de sa famille, la "guivre" (vipère) "tortillée d'azur mise en pal", sur les volumes. Mais en 1716, les armes du roi remplacent celles de son ministre (les droits de l'Etat ne font l’objet d’aucune contestation).

 

En 1761, Choiseul, alors secrétaire d’Etat aux affaires étrangères décide de faire édifier un dépôt consacré à la conservation des archives à Versailles (l'actuelle bibliothèque municipale). Les archives sont ramenées à Paris lors de la Révolution mais le service garde son indépendance malgré la création  en dépit de l'institution des Archives nationales, créée en 1790.

 

Les archives sont initialement à la disposition exclusive des diplomates. Mais en 1830, elles s'ouvrent à la recherche historique sous la direction d'Auguste Mignet, historien célèbre.

 

Lorsque le gouvernement décide de créer le Palais des Affaires étrangères (le Quai d'Orsay) en 1845, les archives y sont transférées.

 

Epargnées par la Première guerre mondiale, elles subissent des dégâts considérables durant la Seconde, malgré les mesures prises pour leur préservation. Une partie des archives courantes est détruite le 16 mai 1940, à l'approche des Allemands ; les séries anciennes et celles de l'entre-deux-guerres souffrent de l'Occupation et des combats menés à la libération de Paris.

 

Jusqu’en 2010, les archives sont réparties sur trois sites : à Paris, à Nantes et à Colmar. Les archives conservées à Paris sont exclusivement des documents produits ou reçus depuis l'origine du dépôt par les services de l'administration centrale. Elles s'accroissent chaque année de plus d’un kilomètre linéaire.


Le Centre des Archives diplomatiques de Nantes, ouvert en 1987, conserve les dossiers rapatriés des représentations diplomatiques et consulaires, des services, instituts et centres culturels français à l'étranger, des missions d'Aide et de Coopération ainsi que ceux des représentations françaises auprès des organisations internationales. Il conserve également les archives de l'administration française en Syrie et au Liban durant la période mandataire, en Tunisie et au Maroc sous le protectorat, ainsi que plusieurs séries d'archives de l'administration centrale.


Le Bureau des Archives de Colmar, créé en 1955 et doté d'une salle de lecture depuis 1986, conserve principalement les dossiers des services de l'occupation française en Allemagne et en Autriche entre 1945 et 1955, ainsi que ceux de la Haute Commission Alliée.

 

Mais en 2009, la direction des archives s’est lancée dans un projet de modernisation des archives diplomatiques qui seront réorganisées et dès lors regroupées sur deux sites, celui de Nantes et un nouveau site situé à la Courneuve.

 

Le déménagement des archives, à bien des égards titanesque, a soulevé de nombreux débats et controverses.

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Polémiques:

Le déménagement controversé des archives du ministère des Affaires étrangères et européennes.

En 2008, 80 km de rayonnages d’archives diplomatiques quittent peu à peu le ministère des Affaires étrangères et européennes pour être regroupés sur le nouveau site de La Courneuve.

Les raisons sont simples. Tout d’abord, le manque de place. Dans une aile du ministère des Affaires étrangères à Paris, les archives du Quai d'Orsay dévorent tout l'espace, du plancher au plafond. Les cartons s'entassent dans les couloirs, même si au fil des années, le «Dépôt» s'est progressivement étendu sur onze autres sites dans la capitale et en province.

La bibliothèque patrimoniale est alors réservée aux seuls diplomates, simplement parce qu’il n’y avait pas de place pour une de salle de consultation d’ouvrages pour les chercheurs. Aujourd’hui, elle est ouverte au public.

Par ailleurs, au Quai d’Orsay, rien n’était aux normes contemporaines des archives. « Dès que la Seine menaçait de monter, il fallait remonter les traités parce que les caves risquaient d’être inondées ; les bâtiments qui étaient dans les étages étaient à température ambiante, il y faisait froid l’hiver et chaud l’été, il n’y avait rien pour combattre la sécheresse – pas plus que nous ne pouvions combattre l’humidité dans les caves des divers sites du ministère – ; c’est pourquoi de nombreux documents ont été atteints,» explique  Jan Mendelson, ancien directeur des archives.

Il était urgent de trouver une solution et pour le Quai d’Orsay, il ne s’agit pas uniquement d’une relocalisation des archives mais d'un projet visant à améliorer la conservation, la communication et l'exposition des collections. Sur le site de La Courneuve (22 000 m2), ces dernières sont stockées dans des magasins climatisés individuellement et non en environnement ambiant, comme c'était le cas avant. Ce bâtiment a été conçu dés le départ comme un grand Centre d’archives par l’architecte Henri Gaudin.

Cependant, ce vaste chantier a déclenché débats et controverses dans le monde des universitaires, des chercheurs et des diplomates, ainsi que des agents des Archives. Tous ont critiqué l'éloignement du fonds d'archives de l'administration centrale du ministère. Depuis l'Ancien Régime, les archives diplomatiques ont presque toujours eu leur place dans les principaux locaux du ministère, du Louvre au Quai d'Orsay en passant par Versailles.

De plus, l’accès à La Courneuve est très compliqué. La ligne du RER B est l’une des pires lignes de train de la banlieue parisienne, avec un taux de fréquence bas et des retards incessants. La plupart des agents ont environ deux heures de transport par jour. C’est aussi un problème pour le lecteur et le chercheur.

Même la vice-présidente de la Commission des archives diplomatiques, Hélène Carrère d'Encausse  déplore cette décision : «J'ai toujours été pour une solution parisienne», déclare-t-elle au Figaro en 2008, «on pouvait trouver d'autres endroits comme le Musée de la porte Dorée ou l'Institut géographique national».  Selon elle, le ministère a choisi une « solution de l'innovation totale avec des locaux magnifiques, certes, mais qui manquent de souffle historique (…) je crains que l'âme de Paris ne disparaisse au profit des boutiques de luxe et des restaurants.»

L'option retenue n’est pas idéale, mais c'est la plus réaliste, répond-on au Quai d'Orsay. Jean Mendelson ne réfute pas ces arguments mais selon lui «le prix du mètre carré sur l'esplanade des Invalides rendait irréelle toute solution d'un maintien des archives dans la proximité immédiate du Quai d'Orsay». Contrainte budgétaire oblige, l'heure est au redéploiement immobilier pour le ministère des Affaires étrangères. « A partir du moment où on admet cet état de fait, on considère que l’installation ici, à La Courneuve, est un bon choix, que les conditions y sont incommensurablement meilleures que celles qu’on avait au Quai d’Orsay où le seul avantage était précisément d’être au Quai d’Orsay (…) A La Courneuve, nous disposerons enfin d'un outil moderne, conçu aux normes de la profession d'archiviste, et qui permettra de mettre en valeur et d'assurer le rayonnement de ce fonds exceptionnel».

Par ailleurs, la direction des archives aurait décidé de déménager les archives des ambassades, des consulats et des protectorats de la France à l’étranger, actuellement conservées à Nantes sur le site de la Courneuve. Seuls les archives techniques sans valeurs historiques resteraient au CADN. On peut trouver sur internet une pétition datant de février 2011 contre cette décision. Selon le document, la région serait gravement  affectée par ce projet. « L’Université de Nantes et les autres universités de nos régions ont recruté des professeurs et créé des centres de recherches et des masters spécialisés. Toute une politique soutenue par les collectivités locales serait ainsi remise en cause. L’attractivité internationale de notre région dans nos disciplines, renforcée par la création récente de l’Institut d’études avancées de Nantes, serait affectée par ce projet. L’histoire des relations internationales et des mondes étrangers, privée de ses jeunes chercheurs de l’Ouest, s’appauvrirait en se repliant uniquement à Paris. A l’heure où l’Etat veut développer des pôles universitaires régionaux reconnus au niveau mondial dans le cadre de la priorité nationale accordée à la recherche, la concentration des Archives dans la capitale est un non sens. »

 

En outre, des solutions d’extension existeraient sur le site actuel pour un coût trois fois moins élevé. « Les réserves actuellement inemployées à La Courneuve ont été justement aménagées dans le but d’accueillir pendant les décennies qui viennent les archives produites par une action diplomatique qui continue chaque année. Remplir le bâtiment aujourd’hui avec les archives venues de Nantes conduira inévitablement à devoir financer leur extension beaucoup plus tôt que prévu. Et il n’est jamais prudent de concentrer sur le même site toutes les archives relatives à une activité ! »

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La Direction des archives (DA), placée sous l’autorité du secrétariat général du Quai d’Orsay, assure, depuis sa création au XVIIe siècle, la conservation des archives diplomatiques du ministère des affaires étrangères et européennes, dont les documents produits ou reçus depuis l'origine du dépôt par les services de l'administration centrale, les dossiers rapatriées des services extérieurs ainsi que les archives de l’Occupation en Allemagne et en Autriche.

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Ses missions:

La direction des Archives du ministère des Affaires étrangères (DA) assure la conservation et la gestion (y compris l’entretien,  les classements, les inventaires, les expositions…) des archives diplomatiques. Cette collection, qui comporte plus de 40.000 dossiers en 2010, remonte essentiellement au XVIIe siècle bien que quelques dossiers sont plus anciens (une quinzaine de traités sont antérieurs au XVe siècle);  son  nombre s’accroît au fur et à mesure que de nouveaux accords sont signés.

 

Dans les rayonnages, on trouve des lettres, des minutes, des dépêches, des cartes, des parchemins ; une lettre autographe de Richelieu, datant de 1630, dans laquelle il rassure Marie de Médicis sur le sort du futur Louis XIII. Une autre de Napoléon dans laquelle, l'empereur s'engage à prendre en charge l'éducation de l'enfant né du mariage de son frère Jérôme avec l'Américaine Elizabeth Paterson dont il avait exigé la rupture. On peut également consulter une note qui re­transcrit une conversation entre de Gaulle et Adenauer, le 14 septembre 1958.

Derrière une porte blindée se trouve la salle des Traités, qui renferme plus de 25 000 traités bilatéraux et multilatéraux dont le pays est dépositaire. Tous les accords «qui ont fait la France», des traités de Westphalie (1648) au traité de Lisbonne (2007). Tous les engagements internationaux sont là, consultables par les acteurs de la diplomatie active.

En 2008, la DA s’est lancée dans une grande opération de modernisation et de déménagement des archives. Un comité de pilotage a été créé pour l’occasion, chargé de mettre sur pied une organisation à partir de l’ordre chronologique qui était imposé en raison des contraintes immobilières. Selon Jean Mendelson, alors directeur des archives, « il s’agit d’une opération unique dans notre histoire diplomatique ; il y avait certes eu dans les temps anciens quelques déménagements des archives diplomatiques, avant le Quai d’Orsay, entre le Louvre, Versailles et autres lieux (et il ne faut pas oublier les évacuations de 1940) mais c’était bien la première fois qu’on faisait un déménagement de cette nature, de cette ampleur, et le ministère n’a pas lésiné sur les moyens, y compris budgétaires. »

 

Désormais, les archives seront réparties sur deux sites. Le Centre des Archives diplomatiques de Nantes (CADN) conserve les archives rapatriées des services extérieurs, c’est-à-dire des ambassades, consulats, Instituts et Centres culturels français à l’étranger, des représentations françaises auprès des organisations et commissions internationales, ainsi que les archives des Protectorats Maroc et Tunisie et du Mandat Syrie et Liban.

Le Centre des archives diplomatiques de La Courneuve, inauguré par Bernard Kouchner le 3 septembre 2009, conserve les fonds de l’administration centrale du ministère, notamment ceux du service des Oeuvres, du service des Echanges artistiques, de la Comptabilité, du service des Immeubles et Affaires générales, des Unions internationales, des Conventions administratives et contentieux, et de la Chancellerie. Les acquisitions extraordinaires telles que les archives personnelles de diplomates et d’hommes d’Etat, ainsi que la bibliothèque patrimoniale sont  également préservées sur ce site. Le fonds de la Bibliothèque du ministère (450 000 ouvrages environ) était jusqu’à alors réservé aux seuls agents du ministère. Il est maintenant accessible au public.

Le bureau des archives de l’Occupation en Allemagne et en Autriche, situé à Colmar depuis 1952, a par ailleurs déménagé ses archives à La Courneuve en 2010. Ces documents proviennent des administrations françaises d’occupation française en Allemagne et en Autriche, au sens large – depuis la politique de l’armée française en matière de dénazification culturelle et éducative en Allemagne et en Autriche jusqu’aux procès des criminels nazis, en passant par les fiches des camps de détention de l’armée française dans sa zone d’occupation et enfin de la Haute commission alliée (structure tripartite créée pour encadrer la naissance de la République fédérale d’Allemagne) et du gouvernement militaire français de Berlin.

La direction des archives, y compris les stagiaires et les vacataires comprend une petite centaine de personnes, dont les trois quarts se trouvent à La Courneuve et un quart à Nantes.

 

Outre la conservation des archives, elle est également responsable de l’acquisition de nouveaux documents. Les bibliothécaires dépouillent systématiquement les revues professionnelles et la presse, et achètent environ 1 500 titres par an. Par ailleurs, les plus grandes ambassades ont un service chargé notamment de garder un oeil sur ce qui est édité. Elles achètent certains ouvrages qu’elle envoie par la suite à la DA.

 

Autre chantier d’avenir, l’archivage électronique. La DA s’est dotée en 2010 des outils informatiques nécessaires à l’archivage des données nativement numériques.

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Où va l’argent:

Le ministère des Affaires étrangères et européennes est le seul organe central de l’Etat, avec celui de la Défense,  à avoir son propre service d’archives.

 

L’idée de créer un dépôt d'archives spécifique aux Affaires étrangères vient de Charles Colbert de Croissy, secrétaire d'Etat de 1680 à 1696.  A l'exemple de son frère, Jean-Baptiste, ministre des Finances et de la Maison du roi, il fait relier les papiers de ses négociations et de celles de ses prédécesseurs en maroquin rouge du Levant. Il décide d’apposer les armes de sa famille, la "guivre" (vipère) "tortillée d'azur mise en pal", sur les volumes. Mais en 1716, les armes du roi remplacent celles de son ministre (les droits de l'Etat ne font l’objet d’aucune contestation).

 

En 1761, Choiseul, alors secrétaire d’Etat aux affaires étrangères décide de faire édifier un dépôt consacré à la conservation des archives à Versailles (l'actuelle bibliothèque municipale). Les archives sont ramenées à Paris lors de la Révolution mais le service garde son indépendance malgré la création  en dépit de l'institution des Archives nationales, créée en 1790.

 

Les archives sont initialement à la disposition exclusive des diplomates. Mais en 1830, elles s'ouvrent à la recherche historique sous la direction d'Auguste Mignet, historien célèbre.

 

Lorsque le gouvernement décide de créer le Palais des Affaires étrangères (le Quai d'Orsay) en 1845, les archives y sont transférées.

 

Epargnées par la Première guerre mondiale, elles subissent des dégâts considérables durant la Seconde, malgré les mesures prises pour leur préservation. Une partie des archives courantes est détruite le 16 mai 1940, à l'approche des Allemands ; les séries anciennes et celles de l'entre-deux-guerres souffrent de l'Occupation et des combats menés à la libération de Paris.

 

Jusqu’en 2010, les archives sont réparties sur trois sites : à Paris, à Nantes et à Colmar. Les archives conservées à Paris sont exclusivement des documents produits ou reçus depuis l'origine du dépôt par les services de l'administration centrale. Elles s'accroissent chaque année de plus d’un kilomètre linéaire.


Le Centre des Archives diplomatiques de Nantes, ouvert en 1987, conserve les dossiers rapatriés des représentations diplomatiques et consulaires, des services, instituts et centres culturels français à l'étranger, des missions d'Aide et de Coopération ainsi que ceux des représentations françaises auprès des organisations internationales. Il conserve également les archives de l'administration française en Syrie et au Liban durant la période mandataire, en Tunisie et au Maroc sous le protectorat, ainsi que plusieurs séries d'archives de l'administration centrale.


Le Bureau des Archives de Colmar, créé en 1955 et doté d'une salle de lecture depuis 1986, conserve principalement les dossiers des services de l'occupation française en Allemagne et en Autriche entre 1945 et 1955, ainsi que ceux de la Haute Commission Alliée.

 

Mais en 2009, la direction des archives s’est lancée dans un projet de modernisation des archives diplomatiques qui seront réorganisées et dès lors regroupées sur deux sites, celui de Nantes et un nouveau site situé à la Courneuve.

 

Le déménagement des archives, à bien des égards titanesque, a soulevé de nombreux débats et controverses.

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Polémiques:

Le déménagement controversé des archives du ministère des Affaires étrangères et européennes.

En 2008, 80 km de rayonnages d’archives diplomatiques quittent peu à peu le ministère des Affaires étrangères et européennes pour être regroupés sur le nouveau site de La Courneuve.

Les raisons sont simples. Tout d’abord, le manque de place. Dans une aile du ministère des Affaires étrangères à Paris, les archives du Quai d'Orsay dévorent tout l'espace, du plancher au plafond. Les cartons s'entassent dans les couloirs, même si au fil des années, le «Dépôt» s'est progressivement étendu sur onze autres sites dans la capitale et en province.

La bibliothèque patrimoniale est alors réservée aux seuls diplomates, simplement parce qu’il n’y avait pas de place pour une de salle de consultation d’ouvrages pour les chercheurs. Aujourd’hui, elle est ouverte au public.

Par ailleurs, au Quai d’Orsay, rien n’était aux normes contemporaines des archives. « Dès que la Seine menaçait de monter, il fallait remonter les traités parce que les caves risquaient d’être inondées ; les bâtiments qui étaient dans les étages étaient à température ambiante, il y faisait froid l’hiver et chaud l’été, il n’y avait rien pour combattre la sécheresse – pas plus que nous ne pouvions combattre l’humidité dans les caves des divers sites du ministère – ; c’est pourquoi de nombreux documents ont été atteints,» explique  Jan Mendelson, ancien directeur des archives.

Il était urgent de trouver une solution et pour le Quai d’Orsay, il ne s’agit pas uniquement d’une relocalisation des archives mais d'un projet visant à améliorer la conservation, la communication et l'exposition des collections. Sur le site de La Courneuve (22 000 m2), ces dernières sont stockées dans des magasins climatisés individuellement et non en environnement ambiant, comme c'était le cas avant. Ce bâtiment a été conçu dés le départ comme un grand Centre d’archives par l’architecte Henri Gaudin.

Cependant, ce vaste chantier a déclenché débats et controverses dans le monde des universitaires, des chercheurs et des diplomates, ainsi que des agents des Archives. Tous ont critiqué l'éloignement du fonds d'archives de l'administration centrale du ministère. Depuis l'Ancien Régime, les archives diplomatiques ont presque toujours eu leur place dans les principaux locaux du ministère, du Louvre au Quai d'Orsay en passant par Versailles.

De plus, l’accès à La Courneuve est très compliqué. La ligne du RER B est l’une des pires lignes de train de la banlieue parisienne, avec un taux de fréquence bas et des retards incessants. La plupart des agents ont environ deux heures de transport par jour. C’est aussi un problème pour le lecteur et le chercheur.

Même la vice-présidente de la Commission des archives diplomatiques, Hélène Carrère d'Encausse  déplore cette décision : «J'ai toujours été pour une solution parisienne», déclare-t-elle au Figaro en 2008, «on pouvait trouver d'autres endroits comme le Musée de la porte Dorée ou l'Institut géographique national».  Selon elle, le ministère a choisi une « solution de l'innovation totale avec des locaux magnifiques, certes, mais qui manquent de souffle historique (…) je crains que l'âme de Paris ne disparaisse au profit des boutiques de luxe et des restaurants.»

L'option retenue n’est pas idéale, mais c'est la plus réaliste, répond-on au Quai d'Orsay. Jean Mendelson ne réfute pas ces arguments mais selon lui «le prix du mètre carré sur l'esplanade des Invalides rendait irréelle toute solution d'un maintien des archives dans la proximité immédiate du Quai d'Orsay». Contrainte budgétaire oblige, l'heure est au redéploiement immobilier pour le ministère des Affaires étrangères. « A partir du moment où on admet cet état de fait, on considère que l’installation ici, à La Courneuve, est un bon choix, que les conditions y sont incommensurablement meilleures que celles qu’on avait au Quai d’Orsay où le seul avantage était précisément d’être au Quai d’Orsay (…) A La Courneuve, nous disposerons enfin d'un outil moderne, conçu aux normes de la profession d'archiviste, et qui permettra de mettre en valeur et d'assurer le rayonnement de ce fonds exceptionnel».

Par ailleurs, la direction des archives aurait décidé de déménager les archives des ambassades, des consulats et des protectorats de la France à l’étranger, actuellement conservées à Nantes sur le site de la Courneuve. Seuls les archives techniques sans valeurs historiques resteraient au CADN. On peut trouver sur internet une pétition datant de février 2011 contre cette décision. Selon le document, la région serait gravement  affectée par ce projet. « L’Université de Nantes et les autres universités de nos régions ont recruté des professeurs et créé des centres de recherches et des masters spécialisés. Toute une politique soutenue par les collectivités locales serait ainsi remise en cause. L’attractivité internationale de notre région dans nos disciplines, renforcée par la création récente de l’Institut d’études avancées de Nantes, serait affectée par ce projet. L’histoire des relations internationales et des mondes étrangers, privée de ses jeunes chercheurs de l’Ouest, s’appauvrirait en se repliant uniquement à Paris. A l’heure où l’Etat veut développer des pôles universitaires régionaux reconnus au niveau mondial dans le cadre de la priorité nationale accordée à la recherche, la concentration des Archives dans la capitale est un non sens. »

 

En outre, des solutions d’extension existeraient sur le site actuel pour un coût trois fois moins élevé. « Les réserves actuellement inemployées à La Courneuve ont été justement aménagées dans le but d’accueillir pendant les décennies qui viennent les archives produites par une action diplomatique qui continue chaque année. Remplir le bâtiment aujourd’hui avec les archives venues de Nantes conduira inévitablement à devoir financer leur extension beaucoup plus tôt que prévu. Et il n’est jamais prudent de concentrer sur le même site toutes les archives relatives à une activité ! »

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